C’est par des articles et éloges sur Internet que nous avons appris le décès de Michel DARMON, à 87 ans, le 18 septembre 2012 à Paris. La plupart des Anciens de l’INRS ont vécu une partie de leur carrière sous sa Direction.
Personne n’était insensible à cette personnalité marquante, un des principaux pionniers de l’INRS.
Homme de conviction, M. Darmon s’était engagé très jeune dans la Résistance (et décoré pour blessure), avant de reprendre ses études et d’entrer à Polytechnique. Ingénieur Général de l’Armement dans la branche Génie Maritime , il fit une bonne partie de sa carrière à la direction des Constructions et Armes Navales, contribuant à l’évolution des navires et des systèmes d’armes et déposant des brevets.
Cette motivation technique et scientifique a naturellement orienté son action à l’INRS, de 1970 à 1979. D’abord Directeur Général Adjoint de M. Marcorelles et directeur scientifique, sa nomination ensuite comme Directeur Général ne lui laissait aucun répit. Chaque mardi, son passage à Vandoeuvre pour suivre l’évolution des activités de chaque atelier et laboratoire était vécu comme un véritable inspection militaire, avec respect mais volontarisme : obligation de résultats ! Il fallait être plus trouveur que chercheur. Quitte à ce qu'il invente lui-même des solutions aux problèmes de recherche ou aux montages d'expériences...en bon professeur de Mécanique Rationnelle.
Le trajet en train servait à « corriger les copies » et la moindre erreur de calcul ou de français ! Sous sa gouverne, les services de l’INRS se sont développés (de 200 à 500 personnes environ). Mais l’indépendance socio-politique et le sens aigu du service public, chez ce dirigeant, l’ont mis peu à peu en « porte-à-faux » vis-à-vis d’une partie majoritaire de son Conseil d’Administration, laquelle a obtenu sa destitution ! Le discours d’un de ses amis évoque ainsi son passage à l’INRS : « cela a commencé comme une idylle, mais a mal fini quelque dix ans plus tard : Michel Darmon s’est dressé contre les féodalités de tous ordres qui organisaient une omerta sur les questions sanitaires liées à la recherche scientifique ou à l’industrie. Rétrospectivement, il apparaît comme un pionnier du « principe de précaution » auquel chacun se réfère aujourd’hui. »
Cette rigueur intransigeante a ensuite conduit M. Darmon vers d’autres préoccupations internationales, spécialement au militantisme par la présidence d’une Alliance France-Israël. Toujours le goût du risque ?
La « mission » de M. Darmon à l’INRS est largement rappelée, pour nous anciens, dans le 1er tome de l’Histoire de l’Institut.
Avec notre souvenir vivace!