Causerie de Daniel BONTEMPS : LES BOHÉMIENS EN LORRAINE.
Comme promis en juin dernier, notre historien lorrain préféré, Daniel Bontemps nous a dévoilé une nouvelle page de ses archives. Aux origines incertaines, les Bohémiens ont été, de tous les temps, pressentis comme une minorité qui attire mais qui repousse. Leur mode de vie si particulier en fait des marginaux dont le Lorrain se méfie lorsqu’ils traversent la région ou s’arrêtent dans son village.
On les nomme de diverses façons selon les lieux où ils passent, selon les origines qu’on leur prête ou encore selon la langue qu’ils parlent. Tzigane, Gitan, Manouche, Rom, Romanichel, autant d’appellations pour un peuple nomade rétif à l’intégration que le paysan lorrain, sédentaire par atavisme, ne reconnaît pas.
Les Tsiganes venus du nord-ouest de l’Inde où ils étaient persécutés1, arrivent en Alsace au début du XVème siècle. On les nomme Sarrasins. Plus tard, une croyance voudrait qu’ils viennent de Bohème d’où leur nom de Bohémiens. Les Gitans seraient originaires d’Égypte.
Au début du XVIIIème, le duc Léopold de Lorraine les bannit du territoire lorrain. Cependant leur mobilité leur permet de continuer à y circuler. Jacques Callot les a décrits dans une série d’estampes au début du XVIIème.
Les bohémiens : Le Départ, gravé vers 1620 par Jacques CALLOT.
En Alsace du nord et dans la région de Forbach, ils sont Manouches, appellation qui vient de leur langue romani2. En Lorraine ils sont nommés Roms, Romanos ou Romanichels3. On les affuble également de sobriquets tels que camps-volants, charpagnats, voleurs de poules …
Daniel nous indique qu’au XVIIème, ils vivaient en bande, de mendicité, disant la bonne aventure à qui voulait l’entendre, de rapines. Plus tard, une grande majorité d’entre eux se sédentarisera, exerçant les métiers de vannier, forgeron, rétameur, chiffonnier, ferrailleur, collecteur de peaux, montreur d’ours, artiste de cirque ou se livrant à l’activité de colportage.
Outre mangeurs de hérissons, plusieurs stéréotypes tels que voleurs d’enfants ou peuple maudit participent à leur stigmatisation menant à leur persécution, tant au XVIIIème en Lorraine que sous le régime nazi en Europe.
La causerie réunissait 6 auditeurs tout à fait satisfaits de la prestation de Daniel. En commun avec le conférencier, ils ont décidé du thème de sa prochaine intervention qui aura lieu à 9h30 le 2 décembre 2024 et dont le sujet est à déterminer. Les adhérents intéressés par ce sujet sont invités à s’inscrire dès maintenant auprès du secrétariat de l’Amicale.
1. Dérivé du grec byzantin atsínganos (intouchable), du nom d'une secte de manichéens venus de Phrygie (Wikipédia)
2. Du romani manus (homme), de la racine indo-européenne (manu). (Wikipédia)
3. Étymologie incertaine, https://fr.wikipedia.org/wiki/Roms.